FASHION

Pourquoi Azzedine Alaïa a tant marqué le monde de la couture ?

Chaque fois qu’on murmure son nom, c’est comme des frissons qui retentissent en nous lorsque nous connaissons bien le parcours et le travail de ce grand monsieur de la mode. Parti de rien, l’ascension d’Azzedine Alaïa est si remarquable qu’elle inspire toujours beaucoup. Parti le 18 novembre 2017 à l’âge de 77 ans, l’homme perdure toujours à travers ses créations qui traversent le temps comme personne.

Portrait d’une figure légendaire, qui a refusé l’accommodement pendant toute sa carrière au service de sa maison de couture et de sa vision de la mode.

UN DESTIN HORS DU COMMUN

Tout débute à Tunis, où l’homme grandit et où il se passionne très tôt pour l’univers de la mode. Il fait tout pour intégrer l’école des beaux arts de Tunis et une fois chose faite, il termine ses études et commence sa carrière de créateur en créant des robes inspirées de Balmain ou encore de Dior pour ses clientes, se constituant ainsi un réseau assez solide en Tunisie.

C’est dans les années 50 que Alaïa quitte la Tunisie pour la France où de fil en aiguille, il intègre la maison Dior où il fait un passage éclair ( 5 jours ) puis bascule chez Thierry Mugler où il fera deux saisons puis Guy Laroche toujours durant deux saisons. Entre temps, il rajoute à son CV une liste de clientèle prestigieuse comme Louise de Vilmorin, Arletty ou encore Greta Garbo et installe son premier atelier rue de Bellechasse, à Paris.

Azzedine Alaïa jeune

Aidé de ses clientes de renom, il sera rapidement introduit dans le monde select des mondanités parisiennes ce qui ne fit que renforcer son carnet d’adresse très prisé.

IL fut très rapidement encouragé par monsieur Mugler qui devint son ami pour lancer sa première collection et ce fut chose faite en 1979. En 1981, il crée sa marque éponyme et très rapidement, son travail est largement salué par la presse et le public puis ses créations connaissent peu à peu un succès incommensurable. Sa vision de la femme à travers ses créations est très rapidement remarquée et adulée. Sa signature : Des robes, des tenues complètes qui sculptent et épousent le corps des dames aux matières qui les avantagent.

LA FEMME ALAÏA, C’EST QUOI ?

Sa dévotion pour les femmes est sincère et profonde et on le ressent dans sa vision de la mode. C’est probablement l’un des couturiers qui a compris très tôt que la féminité pouvait être mise en avant de manière fantasmée et artistique mais avec une vision bien à lui. C’est son passage aux beaux arts à Tunis qui a développé sa connaissance et son amour pour le corps.

Le couturier déclinait souvent ses robes en trois longueurs pour permettre à un maximum de femmes de se sentir à l’aise avec la forme qu’elle souhaitait et c’est la raison pour laquelle ses modèles pouvaient aller jusqu’au 44. C’est ainsi que ses robes opéraient comme des formules magiques qui mettaient en valeur les courbes féminines là où il le fallait, tel un vrai magicien.


SES MUSES, SES CONNIVENCES AVEC LES FEMMES

Tina Turner, Grace Jones, Farida Khelfa, Stephanie Seymour, Madonna ou encore Naomi Campbell, tant de noms aussi illustres qu’évocateurs dans son cercles de muses / amies : la liste est longue et sa complicité avec les femmes sans pareille.

Azzedine Alaïa et Madonna

Naomi le surnommait d’ailleurs “Papa”. Alaïa était adulé par toutes les supermodels des 80’s, qui estimaient que ses défilés étaient ceux qu’il ne fallait manquer sous aucun prétexte.

Azzedine Alaïa et Farida Khelfa

Un des événements marquants des années 80 est la sculpturale Grace Jones qui pose dans ses vêtements sous l’objectif du photographe Jean-Paul Goude.

Il se lie particulièrement d’amitié avec l’ex mannequin et actrice Farida Khelfa. Révélée et introduite par le photographe Jean-Paul Goude, elle sera présentée entre autre à monsieur Alaïa où elle endossera tour à tour pour lui, les rôles de mannequin, d’égérie et, entre 1996 et 2003, et de directrice de studio

UN COUTURIER LOIN DES STANDARDS

En 1989, c’est lui qui commande à Alaïa la toge-drapeau portée par la cantatrice Jessye Norman pour le défilé du Bicentenaire de la Révolution française.

Aux débuts des années 90, il marque les esprits en signant une collaboration avec l’enseigne Tati.

L’histoire veut qu’en voyant une série de tableaux de Schnabel, peints à même la toile de bâche des stores Tati, le couturier eut l’idée d’utiliser le motif en le déclinaison sur une série de créations qui feront le défilé de l’été 1991. Cette collaboration marquera les esprits puisque c’est la premières que la monde de la couture rencontre l’univers de la grande distribution de près comme de loin. De près car certaines pièces sont commercialisés au sein même de l’enseigne et de loin pour la réappropriation du motif sur le podium du défilé 1991.

“Les créations du défilé de l’été 1991 et des toiles de Julian Schnabel, aux couleurs de l’enseigne de Barbès, étaient à découvrir rue de la Verrerie, à Paris, jusqu’au 5 janvier 2020.”

Toujours vêtu d’un costume Mao noir, Alaïa était connu pour être à contre courant du système. Sa vision de la mode, elle est familiale, festive autour du partage et il avait cette particularité de fuir les médias, la presse agissant en homme très discret.

Fortement indépendant aussi, il aurait refusé de reprendre la maison Dior suite au départ de Galliano en 2011. 6 ans après avoir déserté les podiums ce qui représente une durée astronomique dans le monde de la monde, il réapparait en Juillet 2016 ce qui sera son dernier défilé. Après sa disparition en Novembre 2017, l’homme qui sculptait à la perfection le corps des femmes laisse une grande un grand vide dans le monde de la mode mais aussi dans le monde entier.

EXPO À VOIR

Alaïa et Balenciaga

Quand deux monstres sacrés de la mode dialoguent entre eux à travers leurs créations… La galerie Azzedine Alaïa invite les passionnés d’histoire de la mode à découvrir une iconique exposition autour des créations de Cristobal Balenciaga et d’Azzedine Alaïa, intitulée Alaïa et Balenciaga, sculpteurs de forme. Une exposition où se font face 80 modèles imaginés par les deux créateurs, présentés sous une forme donc inédite.

Exposition Alaïa et Balenciaga jusqu’au 28 Juin prochain

L’exposition est en ce moment même et dure jusqu’au 28 juin. Elle a été inaugurée pendant la dernière semaine de la haute couture à Paris qui a notamment été marquée par les adieux de Jean Paul Gaultier, 67 ans, autre grand couturier qui depuis des années vivait mal la frénésie des collections.

Azzedine Alaïa collectionneur – Alaïa et Balenciaga sculpteurs de la forme, jusqu’au 28 juin 2020 à l’Association Azzedine Alaïa, 18 rue de la Verrerie, 75004 Paris

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