Continuons cette épopée familiale à travers l’histoire hors du commun d’Aurore et Franck, qui se sont lancés dans la folle aventure du tour du monde en voilier avec leur deux enfants, Ava et Karl. Une expérience riche en rencontres, en apprentissage grâce à de bien chouettes épisodes mais aussi aux mésaventures que l’on rencontre forcément lorsque l’on se lance dans ce pari dingue de parcourir le monde en voilier, en famille. Qu’ils se retrouvent coincés pendant le premier confinement plusieurs semaines en pleines Caraïbes, ou en panne en mer devant gérer l’urgence avec des enfants, ou encore les fabuleuses rencontres collectionnées au fil des différents stops qu’ils réalisent, ce qui est sûr, c’est que ce projet inouï leur a inculqué des leçons de vies et des valeurs qui transformeront leur conception du voyage à jamais.
Où vous trouvez vous actuellement ?
Nous sommes actuellement à Antigua Barbuda, un peu au nord de la Guadeloupe, nous sommes arrivés mi novembre directement des USA ou nous avions passé la période cyclonique. Ça commence a faire long maintenant nous avons prévu de rejoindre St Barth, puis St Martin la semaine prochaine.

As tu toujours été l’âme d’une baroudeur / aventurière ?
Oh oui, seule j’ai fait la Mongolie et la Namibie à cheval, traversé le Canada en 4×4 et visité l’Amérique centrale sac a dos, c’est d’ailleurs comme cela que j’ai rencontré Frank, par hasard nous avons partagé la même chambre dans une auberge de jeunesse à Santa Catalina au Panama. En principe il s’agit souvent de dortoirs de 12 personnes, et bien pour une fois, un seul lit superposé dans la chambre, moi en haut et lui en bas. Et évidemment ce qui devait arriver arriva…Pour autant nous aimons aussi ponctuer nos voyages par un bel hôtel histoire de se faire plaisir, et un petit séjour au club med de temps en temps pour lâcher les enfants au club enfant ne fait jamais de mal !
Comment a commencé cette aventure de folie et qu’est ce qui vous a fait décidé d’entreprendre ce projet ?
C’est assez drôle mais on ne sait plus trop comment c’est parti, par contre on sait qu’on en parle depuis le début, depuis notre rencontre au panama. Assez vite les enfants sont arrivés, Frank et moi avons mené a bien pas mal de projets de rénovation immobilière dans la région de bordeaux ou nous habitions. On s’est marié aussi. Et finalement quand tout a été mis en place, il nous fallait un nouveau projet. C’est donc le projet tour du monde qui est revenu sur le tapis. Etant plus plage que montagne, et souvent frustrés de ne jamais trouver les plages de rêve par la route, l’idée du bateau s’est vite imposée à nous. Le fait que nous ne soyons pas marin n’a évidemment a aucun moment heurté notre motivation, le bateau étant plus un moyen de réaliser notre rêve qu’une fin en soi.Nous avons pris quelques cours de voile sur le bassin d’Arcachon mais entre enfants et boulot, nous avons vite abandonné préférant faire venir notre prof le moment venu sur notre bateau.Puis nous avons concentré nos efforts sur la recherche du bateau idéal qui ne pouvait être qu’un catamaran, a savoir une maison flottante. Le concept de vivre penché à 45° en navigation sur un monocoque ne nous attirait pas vraiment. Puis nous avons commencé a faire le tour des salons nautiques, pour voir ce qui nous plaisait. Et en avril 2018, le salon nautique de la Grande Motte, énorme coup de coeur pour le leopard 50 qui était présenté en Europe pour la première fois, nous avions trouvé notre bateau! J’aurais pu signer direct, Frank a eut besoin de plusieurs nuits sans sommeil pour se faire à l’idée…Nous ne sommes pas tous égaux sur la prise de décision et clairement Frank et moi ne pouvions être plus opposés a ce niveau la. Alors que je visitais des bateaux dans le but de concrétiser notre projet, Frank pensait ne faire que du lèche vitrine, pourtant il me connait. Finalement nous avons signés et en septembre 2019 notre nouvelle maison nous était livrée a St Raphael.

As tu des anecdotes drôles et moins drôles qui vous êtes arrivés pendant ce tour du monde ?
La plus marquante serait sans doute quand la corde maintenant notre voile d’avant en haut du mat a cassé en plein milieu de notre traversée de l’Atlantique, pile au coucher du soleil, laissant lamentablement sombrer notre voile dans l’océan. Toujours attachée à l’avant du bateau nous avons essayé de la remonter mais, gorgée d’eau et sans réels appuis c’était compliqué. Donc après analyse rapide de la situation j’ai mis l’annexe à l’eau, Frank me traitant d’inconsciente évidemment, mais honnêtement étant donné le prix d’une voile il était hors de question qu’on la laisse la!Une fois l’annexe attachée à l’avant, alors que la nuit tombe et que les vagues se déchaînent, il ne reste plus qu’à vider petit a petit la voile plein d’eau, la remonter dans l’annexe puis la passer a Frank sur le bateau pour qu’il la bloque avant que le vent ne s’engouffre dedans et que le tout ne nous embarque. Cette petite blague a bien duré trois heure, mais la voile est saine et sauve et nous sert toujours.
Nous avons également été confinés aux Bahamas, ce qui est plutôt sympa soyons honnête, mais le deuxième mois lorsqu’ils ont durcit le protocole, nous avons eut interdiction d’aller à terre, même pour faire des courses, sur une ile ou évidemment il n’y a pas de service de livraison. Heureusement comme j’anticipe toujours de quoi tenir un siège ça n’as pas été trop problématique, mais quand l’annonce est tombée on s’est quand demandé comment ça allait finir. Puis on s’est mis a pêcher, et maintenant nous sommes super forts en pêche au lambis.
Et après il y a tous les petits problèmes liés a l’achat d’un bateau neuf, on ne le savait pas avant mais surtout ne jamais acheter de bateau neuf, c’est un nid a problèmes… Donc les hublots qui se retrouvent dans la main quand tu ouvres la poignée, les plafonds maintenus par des velcros qui nous tombent sur le nez en pleine navigation, l’ancre qui se tort parce qu’elle est beaucoup trop petite par rapport au poids du bateau, j’en passe et des meilleurs.


Comment tes enfants vivent cela au quotidien ? ils se sont plutôt bien adapté ?
Ils sont ravis. Au départ de France Ava eut un peu le mal de mer, mais depuis tout va bien. Ils ont pris l’habitude et même lors de longues navigations ils sont autonomes, dans la mesure ou je pense a les nourrir régulièrement bien sur. Au début ils manquaient un peu de copains, mais depuis que nous sommes ici il y a beaucoup de bateaux avec enfants, donc c’est un peu la colonie de vacances pour eux, nous avons même organisé un spectacle de noël. Et finalement a part les deux heures d’école le matin, certains jours je les vois peu, voire pas de la journée, ils partent en paddle avec les copains et…. la grande aventure.Il est certain qu’ils ont une autonomie et une indépendance qu’ils n’auraient jamais eut en Europe. Et je suis surprise de voir a quel point cette petite communauté d’enfants est responsable et fait attention aux plus petits. Le cliché des garçons qui se fabriquent de armes avec des bâtons et ramassent des lianes pour capturer les filles est bien présent, mais globalement ils font attention les uns aux autres. Nous suivons le programme français, mais ils apprennent tellement de chose en plus, puis ils ont clairement gagné en maturité, a quatre sur le bateau je ne peux pas tout faire, donc tout le monde s’y met, y compris les petits.
Est ce que le COVID a beaucoup compliqué cette aventure et comment vous y êtes vous adaptés ?
Le Covid n’a pas vraiment compliqué l’aventure pour nous, ça a modifié notre programme, nous pensions passer dans le pacifique, en février 2021, donc maintenant, mais la plupart des iles du pacifique étant fermées nous avons décalé à février 2022. Mais le gros changement du au covid c’est que nous prenons le temps, nous devenons adeptes de la “slow life”. L’an dernier a notre arrivée dans les Caraïbes, nous voulions tout faire, tout voir, donc on passait d’une ile a l’autre, en se pressant sans vraiment avoir profité ou visité quoi que ce soit, changer de mouillage tous les deux jours. Puis l’annonce du confinement s’est faite lorsque nous venions d’arriver aux bahamas, et finalement nous y sommes resté un peu plus de quatre mois et c’était merveilleux. Ici à Barbuda ça fait trois semaines qu’un n’a pas bougé le bateau, et on pense enfin a partir.Entre les tests PCR et les quatorzaines, nous limitons nos déplacements, et sommes assez contents d’en profiter pour vraiment découvrir le rythme de vie de chaque endroit, plus au titre d’habitants que de touristes. Quand tu commences à connaitre le nom des pêcheurs auxquels acheter du poisson, à savoir ou trouver les meilleurs légumes, et l’alcool le moins cher et ou jeter tes poubelles sur chaque ile des Caraïbes c’est que tu y as passé un moment.

Quels sont les conseils que tu donnerait éventuellement aux familles qui voudraient se lancer dans une telle aventure ?
De se lancer sans trop réfléchir et surtout de n’écouter personne. Il y aura toujours des raisons pour ne pas le faire et des empêcheurs de tourner en rond pour vous dire de ne pas le faire. Depuis 18 mois que nous sommes partis nous avons rencontrés des familles avec tous types de bateaux, tous types d’expériences de navigation et tous les budgets imaginables, mais elles sont toutes parties, ont sauté le pas. Certains continuent de travailler, d’autres s’arrêtent en chemin pour travailler et remplir les caisses avant de repartir, d’autres sont rentrés parce que finalement ça ne leur convenait pas. On a même rencontré une famille dont les parents ont divorcé en cours de route, mais comme les enfants veulent rester sur le bateau la maman continue de venir régulièrement passer un mois ou deux a bord. Et le point commun de tous ces gens, c’est qu’ils ne regrettent rien. Au final le plus compliqué de c’est de prendre la décision une fois que c’est fait tout se met en place assez naturellement. C’est un peu comme faire des enfants, ce n’est jamais le bon moment mais finalement quand ils sont là on les aime fort.


Pensez vous déjà à l’après tour du monde ?
À priori nous sommes d’accord sur le fait qu’il nous serait difficile de rentrer en France, voire même en Europe… Au bout de 18 mois à vivre en maillot de bain, Frank a développé une sévère allergie au froid, et n’envisage en aucun cas de vivre dans un endroit ou hiver rime avec pull-over! Donc nous profitons de notre tour du monde pour découvrir des lieux qui nous conviennent et ou nous pourrions nous installer, au moins pour quelque temps. A priori même si nous nous sédentarisons d’ici quelques années, je pense que nous aurons du mal à vivre le reste de notre vie au même endroit. Nous envisageons plutôt la suite comme une prolongation de notre tour du monde par période de deux ou trois ans. Pour le moment nous pensons peut être au Mexique, nous avons également adoré la ville de cape town, mais il nous reste encore tellement de choses a découvrir. Depuis notre départ, nos avons bien compris qu’il était impossible de tenir nos plans, donc notre nouveau leitmotiv est “the plan is no plan” et nous verrons bien ce que l’avenir nous réserve !

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